L'amiante
au banc des
accusés
Nous fêterons bientôt
quinze ans d'interdiction totale de
l'amiante en Suisse. Pour un produit
éminemment dangereux et sournois,
ce fut un pas important vers une meilleure
maîtrise du risque sanitaire.
Pourtant, nous ne sommes pas au bout de
nos peines: après avoir
injecté jusqu'à 70'000
tonnes par an (1973) de matériaux
à base d'amiante dans nos
bâtiments, il faut maintenant les
décontaminer dans les règles
de l'art si nous voulons limiter les
risques à un niveau acceptable pour
nos concitoyens.
Malheureusement, l'entretien et la
rénovation des bâtiments
restent aujourd'hui une source importante
de contamination. Par négligence,
par peur d'être montrés du
doigt ou de frais d'assainissement trop
élevés, des maîtres
d'ouvrage rechignent à faire
analyser leurs bâtiments. Des
chantiers sont ainsi
réalisés sans mesures de
sécurité appropriées,
ni lors du démontage, ni lors de
l'élimination.
A l'exemple de plusieurs cantons
romands, les maîtres d'ouvrages
publics et privés devraient donc
faire analyser systématiquement
leurs bâtiments. Depuis 2003, plus
de la moitié des communes
genevoises ont mené de tels
inventaires à l'instigation du
service cantonal compétent. Elles
se donnent ainsi les moyens de
maîtriser cette problématique
dans le respect de la législation
et à des coûts raisonnables.
En effet, une fois libérées
par des travaux mal planifiés, les
fibres d'amiante sont susceptibles de
contaminer l'ensemble d'un bâtiment
et d'en compliquer fortement
l'assainissement ultérieur.
Sébastien Piguet
Bird, Prilly
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