Nº 35 de janvier 2001

Bulletin romand d'information sur la diminution et la gestion des déchets

 
Une entreprise face aux terres contaminées

 

L'entreprise SOTRAG SA est l'une des plus importantes entreprises de terrassement de Suisse romande. Elle a donc déjà été confrontée plusieurs fois à la problématique des sites contaminés. Interview de son directeur, Raymond Moinat, parfaitement conscient des enjeux sur le terrain.
 
Cet espace rédactionnel est réservé à SOTRAG SA qui a soutenu la réalisation de ce numéro de FORUM Déchets et que nous tenons ici à remercier.


Forum déchets: Votre entreprise a déjà dû traiter des cas de terrains pollués. Faut-il s'attendre à des "surprises" de plus en plus fréquentes?

M. Moinat: Ces surprises ont toujours existé, mais la directive fédérale sur les matériaux d'excavation ne date que de 1999. Il est certain que son application conditionne notre travail. Le "maillage réglementaire" toujours plus fin fonctionnera comme un crible laissant passer de moins en moins de choses. Dès qu'il y a eu une activité anthropique, il faut procéder à des investigations. On peut estimer, par exemple, qu'une vieille citerne enterrée sur trois a connu des fuites. Partant de là, je peux dire que dans 10% des chantiers nous nous trouvons confrontés à des pollutions plus ou moins importantes.

FD: Comment identifier les terres polluées et quels dispositifs doivent être mis en place le cas échéant?

M. Moinat: En attendant l'achèvement du cadastre des sites contaminés, l'identification des problèmes relève de l'observation et de l'instinct! Les pollutions aux hydrocarbures sont visibles et se confirment aisément par l'odorat. Il en va tout différemment des pollutions aux métaux lourds! Lorsqu'un désordre du terrain apparaît (ndlr: ce qui arrive s'il y a eu comblement), la méfiance est de rigueur. En cas de pollution confirmée, c'est la procédure propre aux déchets spéciaux qui s'applique: l'avance est ralentie, tout transport fait l'objet d'un bulletin de suivi. Il faut dire que chaque tonne peut coûter cher: de 120.&endash; à 300.&endash; francs, soit jusqu'à 10 à 30 fois plus que pour des matériaux non souillés!




Une contamination aux métaux lourds ne sera révélée que par des analyses. L'entrepreneur doit être attentif au genre d'activités qui se sont déroulées au fil des décennies et, le cas échéant, exiger les analyses qui pourraient s'imposer.

FD: Et que deviennent les terres polluées? Dispose-t-on des installations adéquates?

M. Moinat: Dans bien des cas, le degré de pollution est suffisamment faible pour qu'une mise en décharge contrôlée soit autorisée. Pour les cas plus graves, nous nous trouvons démunis. Il faut se rappeler que, pour la Suisse romande, les seules décharges bioactives disposant pour cela de casiers sont Châtel-Saint-Denis et Teuftal. Nous devons souvent faire appel à des entreprises suisses alémaniques, voire à des solutions d'exportation à l'étranger. Ainsi, avec un partenaire, nous projetons de nous équiper prochainement afin d'offrir à nos clients des solutions conformes et à prix compétitifs.

FD: SOTRAG est-elle "victime" des nouvelles dispositions légales ou, au contraire, intéressée par un énorme marché?

M. Moinat: Si nous enterrions des matériaux pollués dans nos décharges, c'est nous qui devrions supporter des frais d'assainissement à la place de nos clients! Nous voulons absolument éviter d'être victimes. Quant au marché de cinq milliards de francs auquel il est fait référence, je considère qu'il reste aujourd'hui plus virtuel que profitable. Les dépollutions coûtent très cher et chacun des intervenants de la construction se voit imposer "devoir et responsabilité". Pour évoluer rapidement, il faudra surtout beaucoup de solidarité et un peu de concurrence.

 

Raymond Moinat, directeur

SOTRAG SA, CH-1163 Etoy

tél. 021/821 40 01, fax 021/821 40 12

 

Ayant renoncé à la publicité au profit d'un sponsoring, FORUM DECHETS offre au secteur privé, qui mène aux côtés des services publics un combat actif contre les déchets, une tribune pour faire connaître son point de vue, son expérience. En fonction des prochains thèmes abordés par la rédaction, votre entreprise pourrait également être intéressée par un publi-reportage... (bird@span.ch)

Retour au sommaire

 


Copyright BIRD