La politique de gestion cocernant les boues
d'épuration consistait à les valoriser
dans l'agriculture, si elles respectaient les normes
(notamment métaux lourds), à les mettre
en décharge ou éventuellement à
les incinérer si les charges polluantes
étaient trop élevées. Aujourd'hui
la mise en décharge n'est plus possible puisqu'
interdite depuis le début de cette
année. Il est temps, donc, de trouver un
créneau ou un moyen de traitement des boues
d'épuration. Le canton de Neuchâtel fait
part ici de son nouveau concept.
épuration des eaux usées, à ses
débuts, n'a que peu pris en compte la gestion des
boues. Elle paraissait ne pas poser de problème,
ce que la pratique a rapidement contredit. Dans le canton
de Neuchâtel elle se fait au travers de 26 stations
d'épuration traitant 95% de la population. Il en
résulte une production annuelle, exprimée
en matière sèche, de 5000 tonnes de boues
d'épuration, dont un quart est valorisable en
agriculture. Le solde, jusqu'à l'an dernier,
était mis en décharge, pratique
actuellement interdite. La mise en place d'une solution
fiable d'élimination s'imposait donc.
Après
séchage, les boues sont
incinérées en
cimenterie
Elle est opérationnelle depuis peu. Elle
consiste en une installation de séchage des boues
placée dans un nouveau bâtiment construit en
annexe de l'usine d'incinération des ordures
(SAIOD) de Cottendart sur Colombier. SAIOD en est le
maître de l'ouvrage et l'exploitant.
Les boues produites par les STEP sont
déshydratées in situ à un taux de
siccité de 25 à 35%. Les STEP qui ne
peuvent réaliser elles-mêmes cette
opération amènent leurs boues liquides
à une STEP qui le peut. Les boues
déshydratées sont transportées par
bennes de la STEP à la SAIOD où elles sont
entreposées dans des trémies. Elles sont
ensuite introduites dans l'un des deux fours de
séchage chauffés par la vapeur que produit
l'usine d'incinération des ordures. Les
buées résultant du séchage sont
envoyées dans les fours d'incinération,
résolvant ainsi le traitement des odeurs.
Un des deux fours
utilisés pour le séchage des boues
situés dans le nouveau bâtiment de
la SAIOD.
Les boues séchées à plus de 90%
de siccité sont transportées par rail en
cimenterie pour y être incinérées.
Cette solution est préférable à
toute autre car elle ne génère pas de
scories, donc pas de nouveau problème. En effet,
dans le four cimentier la partie organique des boues
(50-60%) brûle et remplace ainsi une partie du
combustible. La partie minérale est fondue dans le
clinker qui donnera le ciment. Le problème de
l'élimination des boues est ainsi
complètement résolu.
D'une capacité de 9'000 t/an, cette
installation traitera aussi les boues du Nord vaudois.
Elle offre également une solution
intéressante aux STEP d'autres cantons
voisins.
Jean-Daniel Rosselet
Responsable de l'évacuation et du
traitement des eaux, Service cantonal de la protection de
l'environnement, Neuchâtel