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Nº 31 de mai 2000

Bulletin romand d'information sur la diminution et la gestion des déchets

 

La biométhanisation:

une filière de traitement en pleine expansion

Un projet de recherche mandaté par l'Office Fédéral de l'Energie a été lancé en février 2000 pour établir la faisabilité de la biométhanisation des huiles et des graisses comestibles usagées à l'échelle de la Suisse. Ce projet associe deux sociétés privées (EREP SA à Aclens et DIGESTO SA à Chêne-Bourg) et le Laboratoire de Biotechnologie Environnementale de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).
 

La biométhanisation est un processus de digestion bactérienne de la matière organique réalisé en l'absence d'oxygène (air), aboutissant à la production d'une énergie renouvelable, le biogaz, principalement composé de méthane combustible et de gaz carbonique.

Cette technique s'applique bien aux résidus organiques humides pauvres en fibres, ce qui la rend, dans la filière de valorisation biologique de la matière organique, complémentaire au compostage. De par son confinement en digesteur fermé, la biométhanisation limite fortement le dégagement d'odeurs et permet de détruire la plupart des organismes pathogènes couramment trouvés dans les déchets.

Provenant essentiellement de la restauration collective et d'industries du secteur agro-alimentaire, les huiles et les graisses comestibles usagées sont des composés riches en carbone et en énergie biochimique. Afin de satisfaire les besoins bactériens, les graisses doivent être mélangées et co-digérées avec des résidus organiques riches en azote, tels que les purins animaux, les déchets carnés d'abattoirs ou les déchets alimentaires ménagers.

Depuis 15 ans au Danemark, des digesteurs agricoles de grande capacité réalisent, à l'échelle nationale, la co-digestion de purins (substrats) et de divers résidus organiques d'origine communale et industrielle (co-substrats). L'apport de co-substrats tels que les graisses organiques usagées accroît fortement la production de méthane et diminue ainsi les frais liés au traitement, tout en produisant un effluent fertilisant épandu dans l'agriculture. Les avantages de la biométhanisation en font une filière de traitement en pleine expansion en Europe.

Les accidents récents de contamination de la viande de bétail par des résidus d'huiles minérales ont montré que la valorisation des retours de consommation et de production industrielle n'est économiquement avantageuse que si la qualité des matières est garantie. Il en va de même pour la valorisation des huiles et des graisses organiques usagées par biométhanisation, qui ne saurait faire disparaître des substances contaminantes (métaux lourds, etc.) qui auraient été introduites avec les matières à digérer.

Le projet de recherche mandaté par l'Office Fédéral de l'Energie envisage plusieurs co-substrats selon les critères suivants : déchets sans risque sanitaire, absence de substances polluantes, composition complémentaire à celle des huiles, élimination taxée. Les contenus de panses et le sang de bovidés produits en abattoirs répondent à ces critères. Une expérimentation en digesteur de 3 litres est actuellement en cours, utilisant un mélange de graisses de friture et des jus obtenus par pressage de contenus de panses bovines.

Les résultats obtenus à ce jour donnent un rendement moyen en biogaz de 0.8 Nm3 par kg de matières sèches volatiles ajoutées par jour, avec un maximum de 1,2 Nm3, ce qui équivaut, avec une teneur en méthane de 70%, à des rendements de respectivement 5,6 et 8,4 kWh. Ces résultats encourageants permettent d'envisager le démarrage d'un digesteur pilote de 650 litres, en juillet 2000 (voir figure).

 

Nadia Zoppi, biologiste,

responsable scientifique du projet

 

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