On nous avait prédit la disparition des salles
de cinéma au profit des chaînes de
télévision câblées. Or les
nouvelles salles fleurissent partout. On nous avait
parlé d'une société du virtuel dans
laquelle l'information ne circulerait que par courrier
électronique et par internet. Mais la consommation
de papier ne cesse de croître (voir encadré
en page 3). Imaginez qu'aujourd'hui un employé de
banque produit chaque année quatre fois son poids
en paperasses diverses ! Inutile de dire que son
ancêtre, le "col blanc" des années 50,
aidé par sa dactylo, était
considérablement moins "productif". C'est que la
bureautique et l'informatique ont considérablement
évolué. Il est certes devenu facile de
délivrer par e-mail une information sans aucun
support physique, mais il est aussi possible d'imprimer
toutes sortes de documents à raison de 18 pages
par minute avec une incroyable aisance et une
qualité époustouflante. Paradoxalement, si
vous avez opté pour le telebanking, vous
continuerez de recevoir une feuille A4 sous enveloppe
à chaque fois que votre compte aura
été crédité ne serait-ce que
de 10 centimes.
Le
bureau, c'est d'abord de la paperasse. Elle se
recycle!
C'est ainsi qu'un employé de bureau peut
générer jusqu'à 400 kg de
déchets par an, dont 40 à 80% de papier (y
compris les archives) et de carton. Il est donc
évident que la première des choses à
faire dans une administration est la collecte du papier.
On trouve sur le marché toute une
variété de bacs de collecte: de la
corbeille en carton (elle-même recyclable !) au
meuble multi-bacs à placer dans les couloirs pour
le tri parallèle des piles, de l'alu, du verre et
du PET.
Trier le
papier est économique, mais inutile si l'on ne
consomme pas de recyclé !
Comme le montre l'exemple chiffré du tableau
ci-dessous, une entreprise qui trierait rigoureusement
son vieux papier économiserait les 4/5 de sa
facture d'incinération des déchets. A
condition bien entendu que la commune n'enlève pas
gratuitement les ordures ménagères, ce qui
ferait disparaître toute motivation
économique en faveur du tri ! Mais si vous
n'êtes pas consommateurs de produits
recyclés, à quoi va donc servir le papier
que vous triez? L'Office fédéral de la
protection de l'environnement, des forêts et du
paysage (OFEFP) a la bonne réponse. Il n'utilise
que du papier recyclé non blanchi. Même pour
la rédaction d'un contrat ! L'OFEFP
n'achète naturellement un photocopieur ou une
imprimante que si le fabricant lui en garantit le bon
fonctionnement avec du papier recyclé. Restent un
certain nombre de produits où la notion de
"standing" n'intervient pas. Le minimum consiste donc
à donner la préférence au papier de
toilette et au papier ménage recyclés (10%
des vieux papiers collectés).
Utilisation
recto-verso: pourquoi pas un bac spécial dans
l'imprimante laser ?
Au milieu des années 70, il était
fréquent que l'on fabrique de petits blocs-notes
à partir de maculatures. Mais à l'heure des
"post-it" et des agendas électroniques, ce
recyclage interne n'est plus en vogue. Par contre,
réserver un bac de l'imprimante laser pour
l'impression de documents internes au verso de feuilles
imprimées peut s'avérer très
efficace. Expérience faite, la consommation de
papier &endash; et donc la production de déchets
&endash; peut être divisée par deux, tout
comme la facture d'achat de papier. On a aussi
testé l'utilisation d'archives imprimées
sur une face: on y gagne même la perforation des
feuilles!
Les
recharges: en général
nettement
meilleur marché
Pour limiter la production de déchets au
bureau, on devrait aussi donner sa
préférence aux recharges. Il existe une
version "rechargeable" pour tous les systèmes
d'écriture: cartouche de toner, cartouche d'encre,
stylo à bille (on l'a presque oublié !),
porte-mine, marqueur, etc. Les recharges sont toujours
moins chères que le produit jetable. Pour les
cartouches de toner, cette économie peut atteindre
40%.
"Entreprises
de nettoyage:
pas toujours
très propres!
Le tri des déchets de bureau ne pose pas grand
problème. Dresser l'inventaire des produits
récupérables et prévoir les
systèmes de collecte adéquats prend
relativement peu de temps. L'information et la motivation
des collaborateurs peuvent s'avérer plus
ardues.
La
corbeille à papier est le B.A.-Ba de la
gestion des déchets de bureau. Encore
faut-il s'assurer que la femme de ménage et
le concierge respectent le tri fait dans le bureau.
Parce qu'elle avait un conteneur dévolu aux
déchets de papier, une entreprise de la
région lausannoise n'a découvert
qu'après dix ans que celui-ci était
levé avec les déchets
incinérables... Il faut dire que la commune
finance l'élimination de tous les
déchets urbains par l'impôt et que le
bureau en question n'a jamais vu une facture pour
ses déchets
Mais il n'est pas rare que l'ensemble du concept
n'échoue que par manque de formation du personnel
de nettoyage. Nul doute que les meilleures entreprises
d'entretien des bureaux ont une carte à jouer en
instruisant et en surveillant leurs collaborateurs.
Ces
déchets que l'on oublie: véhicules,
mobilier, entretien du parc, transformations, ...
La place manque pour parler des nombreux autres
déchets qui apparaissent dans l'activité
courante d'une administration: supports de
données, marcs de café, déchets de
cafétéria et d'automates à boissons,
piles, tubes fluorescents, matériaux d'emballage,
etc. Tous ont leur filière de recyclage et ils
n'échapperont pas à l'analyse de celui qui
planifie la gestion des déchets du bureau. Mais
qui pensera aux déchets produits
occasionnellement, tels qu'ordinateurs, véhicules,
mobilier, entretien des aménagements
extérieurs (gazon, branchages) ou &endash; encore
plus rare &endash; travaux de rénovation ? Au
total, cela peut représenter encore 500 kg par
employé et par an venant s'ajouter aux 400 kg du
fonctionnement courant. Ceci montre qu'un responsable de
la politique environnementale n'est pas moins utile dans
une administration que dans une industrie.
Une fois que,
dans un bureau, on a trié son papier, son
verre vide et ses capsules Nespresso, on a un peu
le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait. Erreur!
Une quantité bien supérieure de
déchets découle de l'entretien du
parc (380 kg/employé/an), de la
rénovation du bâtiment tous les 30 ans
(140 kg) ou du remplacement et de la maintenance
des véhicules d'entreprise (10 kg).
Même lorsqu'on loue ces services, il n'est
pas interdit d'exiger qu'ils soient
optimaux...
Qu'il s'agisse de donner la préférence
aux produits reremplissables ou aux produits
recyclés, ou qu'il faille négocier la
reprise de l'appareil en fin de vie par le fournisseur
(ordinateur ou tube fluorescent), ce responsable doit
pouvoir influer sur la politique d'achat. S'il ne dispose
pas de cette compétence, il restera le "gentil
Monsieur Environnement" jusqu'au jour où l'on
décidera de se passer de ses services...
François Marthaler
BIRD, Prilly
Pour en savoir
plus
Communauté
d'intérêt écologie et
marché (CIEM/IGÖB)
p.a. BIRD, Route de Renens 2
1008 Prilly, tél. 021/624 64 94
Association suisse pour la
promotion de papiers plus écologiques et
l'écologie au bureau (FUPS)
Speerstr. 18,
9500 Wil, tél. 071/929 57 66
Association suisse pour
l'intégration de l'écologie dans la
gestion d'entreprise (ÖBU)
Obstgartenstr. 28
8006 Zurich, tél. 01/364 37
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