Nº 27 du mois de septembre 1999

Bulletin romand d'information sur la diminution et la gestion des déchets



Pour le plus grand étonnement du profane et pour le bonheur de Christo... Une machine à emballer les déchets! Dans la décharge de Celtor SA à Tavannes, les détritus sont conditionnés en balles hermétiques, ce qui permet de les stocker aisément. Ainsi, ce "combustible" peut être incinéré à l'UIOM au plus fort des besoins, à savoir pendant l'hiver. Comme les balles sont étanches, les déchets peuvent être accumulés durant l'été sans que les matières fermentescibles qu'ils contiennent ne se dégradent et sans émission d'odeurs liées à leur dégradation naturelle. Plusieurs installations de ce type fonctionnent en Suisse. Une solution qui permet à d'anciennes décharges bioactives de maintenir leur activité.

Emballer les déchets pour mieux les valoriser?

La décharge de Tavannes (BE) en reconversion.

 

 
Un grand vacarme s'élève de la décharge de Tavannes. Une chargeuse à pneus déverse les déchets ménagers dans une trémie; ils tombent sur un tapis roulant qui les transporte vers une chambre de compactage, où ils sont comprimés sous haute pression. Cette balle est alors automatiquement entourée d'un filet. Et comme par magie, le paquet est transféré sur une plate-forme, où il est empaqueté à toute vitesse dans plusieurs couches de feuille transparente souple.

L'opération dure à peine trois minutes... pour près d'une tonne de déchets (800 à 1000 kg), qui forment une balle d'une hauteur et d'un diamètre de 120 centimètres. Le stockage ne pose dès lors plus de problème: plus d'odeurs nauséabondes. Dans cet emballage hermétique, les déchets restent secs.


Rendre les déchets stockables afin de les incinérer au moment où le besoin de chaleur est au plus fort: en hiver. C'est possible, grâce à la presse à balles rondes comme l'utilise Celtor SA, exploitant de la décharge de Tavannes (Jura bernois).

Soigneusement entassées, les balles attendent d'être incinérées. Leur tour viendra lorsque leur énergie sera vraiment requise, soit en hiver. En théorie, le stockage est possible pour une durée de deux ans, ce qui permet de résoudre le problème de la pénurie de "combustible" dans les UIOM durant la saison froide. "L'empaqueteuse" de Celtor atteint une capacité de 20 000 à 25 000 balles par an. Les frais d'acquisition s'élèvent à 700 000 francs: pas une bagatelle certes, mais le jeu en vaut la chandelle. Durant l'été, l'UIOM peut ainsi procéder sans autres aux révisions nécessaires et se constituer une réserve de déchets. Ainsi, l'exploitation de l'installation se trouve optimisée et l'utilisation de la chaleur maximisée.

Le matériel coûte cinq francs par balle (6 couches de filet et 4 couches de feuille plastique). Il faut ajouter le salaire de deux machinistes ainsi que l'achat et l'entretien de deux chargeuses à pneus (déversement des déchets et entreprosage des balles). A plein rendement, la capacité est de 15 à 18 balles à l'heure. Avec une machine aussi complexe, les pannes sont toujours possibles. Ce risque est plus grand dans les régions qui ne pratiquent pas la taxe au sac et où les déchets sont donc moins bien triés. En moyenne, il faut compter 15 000 francs par an pour les pièces de rechange et l'amortissement. Pour Celtor, le coût total est finalement de 30 francs par balle.

La presse à balles de Celtor est mobile. En 1998, cette machine a traité 7500 tonnes de déchets, dont 3500 que Celtor a stockées pour l'usine d'incinération de La Chaux-de-Fonds en vue de l'hiver. Les 4000 autres balles ont été fabriquées pour les UIOM de Weinfelden et de Genève. Comme on voit, son rayon d'action est assez grand. Outre la machine elle-même, Celtor "fournit" un opérateur ainsi qu'une chargeuse. Le client doit se charger de "l'autre moitié". A noter toutefois que ces déplacements ne valent la peine qu'à partir de 1000 balles.

Mais la machine sait faire plus qu'emballer des détritus. En été, elle tournera pendant un mois à la brasserie Feldschlösschen à Rheinfelden pour emballer du malt, et en automne, elle servira à conditionner du maïs déchiqueté et des copeaux de betteraves sucrières.

 

Jacques Ganguin

Office de la protection des eaux et de la gestion des déchets, Berne

 

 

 

 

 

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