Carol Franklin, directrice du WWF,
remet à M. Staub (Migros) et à Mme Zogg
(Coop) la PETition "Réutiliser au lieu de
recycler" munie de 32'000 signatures recueillies en un
temps record. Le message des consommateurs est
clair.
Le WWF approuve l'introduction d'une taxe
avancée de recyclage pour le verre et
l'élargissement du champ d'application de
l'ordonnance. Il relève toutefois que
dès l'instant où un système de
collecte et de recyclage des briques Tetrapak serait
en place, il serait nécessaire d'étendre
les contraintes de l'ordonnance aux emballages pour le
lait.
Nous préconisons que soit introduite
à moyen terme une consigne
généralisée sur tous les
emballages pour boissons et cela pour deux raisons au
moins:
1) Selon nos informations, l'introduction de
bouteilles recyclées à 80-100% devrait
rapidement décider le groupe Coop à
renoncer aux bouteilles reremplissables et donc au
système de consigne. Compte tenu des
coûts liés à la reprise des
emballages vides, son principal concurrent, Migros,
devra en faire autant. La grande distribution s'en
tiendra alors au taux minimal exigé de 75% de
recyclage. Les systèmes de consigne en vigueur
chez les grands détaillants
élèvent notoirement la performance des
systèmes de collecte indirecte (PET Recycling
Schweiz). Les objectifs fixés par l'ordonnance
ne seront donc plus atteints et les milieux
économiques feront tout leur possible pour les
adapter à la baisse. Seul un système de
consigne appliqué à tous les types
d'emballages est en mesure d'empêcher cette
dérive. Les milieux de la grande distribution
reconnaissent d'ailleurs qu'aucune autre solution
n'existe qui soit à la fois
économiquement et écologiquement
durable.
2) Nous sommes inquiets qu'on en appelle de plus en
plus à la conscience écologique des
consommateurs dans le cadre de campagnes en faveur du
recyclage et que l'on introduise ainsi une confusion
croissante entre recyclage et protection de
l'environnement. La consigne
généralisée permet de faire
l'économie de coûteuses et douteuses
campagnes publicitaires, tout en garantissant les
meilleurs taux de collecte et une qualité
optimale du tri.
Pour le reste, le WWF se prononce contre
l'autorisation du PVC (qui reste une matière
problématique). Quant au taux minimum de
recyclage, il devrait être augmenté
à 85% (au lieu de 75%). Rien d'impossible,
puisqu'un tel taux est d'ores et déjà
atteint pour le verre et l'aluminium. Pour sa part, le
taux de circulation pourrait être porté
à 90% (au lieu de 85%) et se rapprocher ainsi
du niveau que l'on connaissait avant l'apparition des
bouteilles jetables.
Enfin, notre organisation soulève la
question de la qualité des chiffres de
production et de collecte servant au calcul des taux
de recyclage et de circulation exigés par
l'ordonnance. Il n'est pas clair, en effet, que les
poids se comprennent comme poids nets, à savoir
sans colle, étiquettes, couvercles ou autres
corps étrangers. De même, les invendus et
les déchets de fabrication ne doivent pas
compter comme marchandise recyclée. Certains
soupçons existent sur l'exploitation de ce flou
&endash; en particulier dans le cas du PET &endash;
pour améliorer sensiblement les taux de
collecte et de recyclage.
Marcel Odermatt, division
Consommation-Environnement du WWF Suisse