Nº 27 du mois de septembre 1999

Bulletin romand d'information sur la diminution et la gestion des déchets

OEB: trois lettres qui transformeront le verre en or...?

L'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage achève la consultation sur un projet de révision de l'Ordonnance sur les emballages pour boissons (OEB). Elle apporte quatre innovations majeures. Celle qui intéressera le plus les communes est l'introduction d'une taxe anticipée de recyclage sur le verre: 25 millions de francs rétrocédés aux collectivités publiques pour leur effort de tri. Au passage, les bouteilles de vin entrent dans le champ d'application de l'ordonnance et les bouteilles en PVC ne sont plus interdites. Enfin, les objectifs de recyclage par matière sont cette fois fixés en pourcent.


 

Adoptée par le Conseil fédéral en août 1990 et entrée en vigueur le 1er novembre de la même année, l'Ordonnance sur les emballages pour boissons fixe des quantités maximales d'emballages non recyclés admises dans les installations d'élimination des déchets urbains. Elle ne concerne toutefois que les emballages en verre, en PET et en aluminium &endash; à la très notable exclusion des briques en carton. D'autre part, seules les eaux minérales, les boissons édulcorées et la bière sont jusqu'ici visées, alors que le vin, les spiritueux, le lait échappent aux mesures de prévention et de recyclage.

Révisée à deux reprises pour tenir compte de l'évolution très rapide du marché des emballages pour boissons, l'OEB devrait subir une refonte complète pour l'an 2000, entraînant une abrogation de l'ordonnance de 1990. C'est ce projet, dont la phase de consultation s'achève, que nous nous proposons de passer en revue dans ce numéro.

 


Taxe sur le verre: premier recours à l'art. 32abis LPE 


La Loi sur la protection de l'environnement pose le principe de collaboration avec les milieux économiques (art. 41a, LPE). C'est ainsi que le financement et l'organisation de la collecte du PET est organisée par PET Recycling Schweiz dans un cadre strictement privé. Lorsque le secteur privé ne parvient pas à mettre sur pied une solution de valorisation pour un déchet particulier, la LPE prévoit &endash; depuis sa dernière révision en 1995 &endash; que le Conseil fédéral peut introduire une taxe d'élimination anticipée (art. 32abis). A l'invitation de Mme la Conseillère fédérale Ruth Dreifuss, les milieux concernés ont présenté au début 1998 un modèle de financement de la collecte et du recyclage du verre usagé. Malheureusement, un important distributeur de détail a refusé de participer au système. Les autres ne souhaitant pas payer pour lui, le groupe de travail "financement du verre usagé" n'a pu que conclure à l'application de l'article 32abis. La solution de taxe fédérale sur le verre s'inspire largement des travaux de ce groupe de travail.


 

Indemnisation de 17 Fr./t pour le sable de verre, mais de 86 Fr./t pour le recyclage en verrerie


 La taxe devrait être perçue dès l'été prochain par un organisme neutre sur tous les emballages en verre importés ou fabriqués en Suisse, ainsi que sur les produits importés dans des emballages en verre. Les bocaux de confiture ou de cornichons ne sont pas concernés pour l'instant. On imagine une taxe d'élimination anticipée (TEA) différenciée selon la taille de l'emballage: 3 centimes pour les emballages de moins de 50 cl, 6 centimes pour les autres. La TEA rapporterait alors quelque 25 millions de francs, dont 8 millions perçus sur la bière et 14 sur le vin.

 


Même s'il est destiné à être concassé pour la production de substituts au gravier ou au sable, le verre trié par couleur sera mieux indemnisé par l'organisation chargée de collecter la taxe anticipée sur le verre. Le tri par couleur constitue une charge effective pour les communes. De plus, son maintien permet de changer de débouché à tout moment.


L'élargissement du champ d'application de l'ordonnance au vin et aux spiritueux était obligatoire dans ce cadre, puisque les emballages en verre perdu utilisés pour ces boissons représentent quatre fois plus de déchets que les bouteilles de bière, d'eau minérale et de boissons édulcorées jusqu'ici concernées par l'OEB.

Cette mesure était réclamée de longue date par les communes de Suisse pour qui l'élimination du verre usagé représente une charge estimée à 30 millions de francs par an (coût moyen: Fr. 120.&endash;/t). C'est donc aux communes que devrait être redistribué le produit de la taxe sur le verre. Mais le département de M. Moritz Leuenberger &endash; dont dépend aujourd'hui l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage &endash; veillera à ce que l'indemnisation se fasse en fonction de la qualité écologique du recyclage. Ainsi, les bouteilles reremplissables pourront bénéficier d'un remboursement de la taxe. Les livraisons de verre à une verrerie pourraient se voir créditées de Fr. 86.&endash;/t, alors que le concassage en sable de verre ne serait indemnisé qu'à hauteur de Fr. 17.&endash;/t. En revanche, cette bonification serait relevée à Fr. 26.&endash;/t si, avant d'être concassé, le verre était trié par couleur. Cette proposition est toutefois moins saugrenue qu'il y paraît, dès l'instant où l'on admet que le recyclage en verrerie devrait petit à petit prendre l'avantage et que celui-ci passe par un tri des couleurs.


L'incinération du PVC ne pose plus problème, mais son recyclage est peu probable


En 1990, l'OEB avait purement et simplement interdit les bouteilles en PVC au motif que leur incinération entraîne d'importantes charges polluantes. En effet, la combustion d'un kilo de PVC produit 560 grammes d'acide chlorhydrique. Mais les usines d'incinération d'aujourd'hui sont en mesure de neutraliser ces acides et éviter pratiquement tout rejet dans l'atmosphère.

La Commission européenne a toujours considéré cette interdiction comme une entrave au commerce. La révision de l'OEB prévoit donc d'autoriser à nouveau les bouteilles en PVC, mais sous conditions: elles seront consignées (taux de récupération >90%) et devront être recyclées. Il existe pour cela dans le canton de Vaud une fabrique de tuyaux qui utilise des milliers de tonnes de PVC micronisé (broyé en poudre très fine) provenant de la collecte de bouteilles françaises. Mais l'utilisation du PET au détriment du PVC se généralisant en Europe, la France aura probablement fermé la dernière unité industrielle de micronisation des bouteilles en PVC lorsque la nouvelle OEB entrera en vigueur. On peut donc parier que personne n'importera en Suisse de boissons en bouteilles PVC...

 


Ce tuyau pour conduite d'eaux usées est fabriqué en Suisse et comporte jusqu'à 50% de bouteilles en PVC usagées et autres PVC recyclés. Il est baptisé Bipeau, car seules les "peaux" extérieure et intérieure sont composées de matière vierge. Mais la collecte des bouteilles en PVC organisée par Eco-Emballages en France sera arrêtée dans le courant de l'année prochaine. Que va-t-on mettre entre les peaux?


 

Objectif recyclage: 75%

Objectif de circulation: 85%

 


L'actuelle version de l'OEB admet que certains tonnages de verre, de PET et d'aluminium aboutissent dans les ordures ménagères. Par exemple, pour 1998, on aurait pu accepter 16'350 tonnes de verre, 6'131 tonnes de PET et 511 tonnes d'aluminium, soit 22'992 tonnes au total. Selon les estimations de l'Association suisse pour des emballages respectueux de l'environnement, cette quantité totale n'a pas excédé la moitié; c'est trois fois moins qu'en 1990! Dorénavant, l'OEB exigera un taux de recyclage de 75%. Ce taux est actuellement de 91% pour le verre, 79% pour le PET et 85% pour l'aluminium. On pourrait penser que l'objectif sera aisément atteint. Mais, comme le montre notre graphique, la part des boissons distribuées en emballages reremplissables est en chute libre, passant en huit ans de 80% à moins de 50%. Or, il faut 30 bouteilles mono-usage en PET pour remplacer une bouteille en verre réutilisée 30 fois. Pour éviter une dérive au profit des emballages jetables, l'OEB édicte un taux minimum dit "de circulation" de 85%. Si 3/4 des boissons étaient vendues en emballages perdus, leur taux de recyclage devrait alors atteindre 80%.

 

 


Consigne obligatoire: carotte pour le consommateur, mais bâton pour le commerce

 


L'OEB prévoit, en guise de menace suprême, l'introduction d'une consigne obligatoire pour les emballages qui empêcheraient que les taux de recyclage et de circulation soient atteints. On sait que la consigne permet d'atteindre un taux de collecte proche de 100%, mais on ne se rend pas toujours compte des coûts que cela entraîne pour le commerce. La consigne est née avec les emballages réutilisables dont la valeur marchande lui était parfois supérieure. La consigne sur les bouteilles jetables a de ce fait quelque chose d'anti-économique et risque bien de disparaître plus vite qu'on ne l'imagine. Le respect de l'OEB pourrait alors devenir problématique.

 

François Marthaler

BIRD, Prilly

 

 


Pour en savoir plus

 

RECYCLAGE:

PET Recycling Schweiz

bureau romand, En Budron E9

1052 Le Mont/Lausanne

tél. 021/653 36 91

Association suisse pour des emballages respectueux de l'environnement (ASEBRE/SVUG)

Bahnhofplatz 9, 8001 Zurich

tél. 01/221 21 84

 

REEMPLOI/LAVAGE:

Pro Uva SA / Tribout

Ile Falcon, 3960 Sierre

tél. 027/451 25 25

Vetrum AG

Emmenweidstasse 56

6020 Emmenbruecke

tél. 041/260 01 67


Retour au sommaire

 


Copyright BIRD