Nº 26 de juillet 1999

Bulletin romand d'information sur la diminution et la gestion des déchets

D'accord pour recycler les déchets à condition que les coûts soient raisonnables.

1'200 francs la tonne, c'est trop

 

La Société pour le Tri, le Recyclage et l'Incinération des Déchets (STRID) a été créée en 1993. STRID s'active à la mise en place d'un concept de gestion pour le périmètre Nord vaudois, afin de répondre aux exigences légales actuelles et futures sur le traitement des déchets. Le concept directeur adopté par 75 communes en 1991a pour but la collecte, le transport, le tri, la valorisation, le recyclage, le traitement et l'incinération des déchets. Dès le départ, la STRID a joué le jeu du recyclage de l'EPS.


 

Depuis 1992, la société STRID, alors en phase de constitution, a proposé aux entreprises une filière pour le polystyrène. Des sacs de 500 litres étaient mis à disposition par les fabricants Gonon Isolations SA et Luxit Isolation SA. Les sacs remplis par les entreprises étaient ensuite regroupés chez STRID avant leur prise en charge par Gonon ou Luxit. A cette époque, les sacs vides étaient facturés Fr. 2.&endash; le sac par l'entreprise Gonon (uniquement polystyrène expansé blanc) et Fr. 5.50 par Luxit (polystyrènes de toutes couleurs, expansés ou extrudés). La taxe comprenait la mise à disposition des sacs vides et couvrait la logistique de transport depuis la STRID, ainsi que les frais de recyclage.

Cette opération a rapidement suscité un intérêt de la part des entreprises et même des communes; ces dernières ayant installé une récupération de polystyrène dans leur déchetterie. Outre l'aspect écologique, il est important de signaler que l'intérêt économique de cette filière par rapport à l'incinération a joué un rôle non négligeable. En effet, avec un poids moyen de 10 kg par sac, le recyclage du polystyrène se situait entre Fr. 200.&endash; et Fr. 550.&endash; la tonne.

L'augmentation du prix du sac décidée par l'association suisse des fabricants de polystyrène expansé en été 1997 (Fr. 12.50 par sac) a rapidement condamné cette filière sur le plan économique (plus de Fr. 1'000.&endash; la tonne). Cette hausse a été justifiée principalement par l'importance des frais de collecte. Il est à relever que les exigences plus élevées de qualité fixées par les fabricants devenaient également une contrainte difficile à gérer dans les déchetteries communales et sur les chantiers.

Actuellement, la récupération de polystyrène dans le périmètre Nord vaudois se limite quasi uniquement aux collectes de "chips". Ces derniers sont mis à disposition des écoles qui les utilisent pour divers travaux de couture ou de bricolage. Le retour chez le fournisseur et la réutilisation en interne dans les entreprises semblent aussi se développer.

Cette expérience nous a montré l'importance d'un financement durable des filières de recyclage. La population a souvent le sentiment que le recyclage ne coûte rien, car autofinancé par la mise en valeur des matières premières.

Il faut se rappeler que jadis les communes étaient payées pour la récupération du papier, du verre ou encore de la ferraille; sans cette stimulation, la grande partie de ces matières auraient probablement fini dans les décharges. Aujourd'hui, ces dernières sont fermées, c'est pourquoi le recyclage est favorisé par rapport à l'incinération dont les coûts sont supérieurs à Fr. 300.&endash; la tonne.

Cette réalité est d'ailleurs souvent utilisée par les récupérateurs pour justifier une augmentation des frais de recyclage. Il est évident que la comparaison des coûts ne doit pas être le seul élément à prendre en compte. Toutefois, les récupérateurs et les industriels qui mettent en place des filières ne doivent pas oublier que le consommateur n'est pas prêt à payer n'importe quel prix.

 

Jean-Paul Krattiger

directeur

 

Retour au sommaire

 


Copyright BIRD