Depuis 1992, la société STRID, alors
en phase de constitution, a proposé aux
entreprises une filière pour le
polystyrène. Des sacs de 500 litres
étaient mis à disposition par les
fabricants Gonon Isolations SA et Luxit Isolation SA.
Les sacs remplis par les entreprises étaient
ensuite regroupés chez STRID avant leur prise
en charge par Gonon ou Luxit. A cette époque,
les sacs vides étaient facturés Fr.
2.&endash; le sac par l'entreprise Gonon (uniquement
polystyrène expansé blanc) et Fr. 5.50
par Luxit (polystyrènes de toutes couleurs,
expansés ou extrudés). La taxe
comprenait la mise à disposition des sacs vides
et couvrait la logistique de transport depuis la
STRID, ainsi que les frais de recyclage.
Cette opération a rapidement suscité
un intérêt de la part des entreprises et
même des communes; ces dernières ayant
installé une récupération de
polystyrène dans leur déchetterie. Outre
l'aspect écologique, il est important de
signaler que l'intérêt économique
de cette filière par rapport à
l'incinération a joué un rôle non
négligeable. En effet, avec un poids moyen de
10 kg par sac, le recyclage du polystyrène se
situait entre Fr. 200.&endash; et Fr. 550.&endash; la
tonne.
L'augmentation du prix du sac décidée
par l'association suisse des fabricants de
polystyrène expansé en été
1997 (Fr. 12.50 par sac) a rapidement condamné
cette filière sur le plan économique
(plus de Fr. 1'000.&endash; la tonne). Cette hausse a
été justifiée principalement par
l'importance des frais de collecte. Il est à
relever que les exigences plus élevées
de qualité fixées par les fabricants
devenaient également une contrainte difficile
à gérer dans les déchetteries
communales et sur les chantiers.
Actuellement, la récupération de
polystyrène dans le périmètre
Nord vaudois se limite quasi uniquement aux collectes
de "chips". Ces derniers sont mis à disposition
des écoles qui les utilisent pour divers
travaux de couture ou de bricolage. Le retour chez le
fournisseur et la réutilisation en interne dans
les entreprises semblent aussi se
développer.
Cette expérience nous a montré
l'importance d'un financement durable des
filières de recyclage. La population a souvent
le sentiment que le recyclage ne coûte rien, car
autofinancé par la mise en valeur des
matières premières.
Il faut se rappeler que jadis les communes
étaient payées pour la
récupération du papier, du verre ou
encore de la ferraille; sans cette stimulation, la
grande partie de ces matières auraient
probablement fini dans les décharges.
Aujourd'hui, ces dernières sont fermées,
c'est pourquoi le recyclage est favorisé par
rapport à l'incinération dont les
coûts sont supérieurs à Fr.
300.&endash; la tonne.
Cette réalité est d'ailleurs souvent
utilisée par les récupérateurs
pour justifier une augmentation des frais de
recyclage. Il est évident que la comparaison
des coûts ne doit pas être le seul
élément à prendre en compte.
Toutefois, les récupérateurs et les
industriels qui mettent en place des filières
ne doivent pas oublier que le consommateur n'est pas
prêt à payer n'importe quel prix.
Jean-Paul Krattiger
directeur